Le spectacle proposé par Plateau en Toute Liberté, en partenariat, avec La Compagnie de l’Abreuvoir, est la mise en scène d’une nouvelle épistolaire cinglante
et visionnaire, chronique intime d’une nation s’enfonçant dans le Nazisme.
San - Francisco, années trente : Martin Schulse, un allemand et Max Eisenstein, un juif américain sont marchands de tableaux.
Ils sont unis par des liens plus qu’affectueux, fraternels.
Martin décide de rentrer chez lui, à Munich. Ils s’écrivent : Max dit sa solitude depuis le départ de son ami et Martin
raconte sa nouvelle vie dans une Allemagne qu’il peine à reconnaître tant elle est défigurée par la misère.
Au fil des lettres, inexorablement, Martin et Max s’éloignent l’un de l’autre, d’autant que Max est juif et que l’Allemagne de Martin
suit un nouveau « Guide », Adolf Hitler.
Les interrogations feront place aux doutes, l’inquiétude à l’incompréhension, la douleur à la vengeance.
La peur aura changé de camp et tout s’écroulera dans le fracas de l’Histoire.
C’est la correspondance fictive entre Max et Martin, de novembre 1932 à mars 1934, que nous offre l’auteur, Katherine Kressmann Taylor, dans
un texte incisif au dénouement saisissant, que le spectacle donne à entendre.
pièce en 1 acte durée 1h10
La distribution :
Katherine Kressmann Taylor est née en 1903.
Kathrine Kressmann Taylor est née à Portland dans une famille américaine d'origine allemande.
Elle fait des études de lettres et de journalisme
à l'université de l’Oregon, dont elle sort diplômée en 1924.
Elle sera plus tard la première femme professeur titulaire de l’Université de Pennsylvanie où elle enseignera le journalisme et
la littérature anglaise.
Loin de l’imagerie bien pensante qui la présenta à l’époque comme une épouse modèle, femme au foyer, mère de quatre enfants venue à
l’écriture presque par hasard, Kathrine Kressmann Taylor conçut toujours l’art comme moyen de lutte, comme en témoignent « Inconnu à
cette adresse » (Adress Unknown) publié en 1938 et « Jour sans retour » en 1942. Dans les années trente, alors que les Américains se
désintéressent de ce qui se passe outre-Rhin, elle reçoit des lettres inquiétantes en provenance d'Allemagne : récit d’évènements dramatiques,
attitude antisémite d’anciens amis allemands. Par ailleurs, elle est troublée par un fait divers : des étudiants américains ayant mis en danger
leurs correspondants allemands en critiquant Hitler. Ces éléments conjugués lui inspireront la trame de « Inconnu à cette adresse » et
détermineront le choix de la forme épistolaire.
Lorsqu'elle remet le manuscrit à son mari et à son éditeur, tous deux jugent qu’un texte aussi incisif rencontrera un plus large écho si le
public ignore que l’auteur est une femme… Ils décident alors, d'un commun accord, que le prénom de Katherine sera remplacé par Kressmann,
son nom de jeune fille, qui peut passer pour masculin.
En 1938 « Inconnu à cette adresse » est publié dans Story Magazine et devient très rapidement un best-seller. Le Reader's Digest accueille
à son tour la nouvelle dans ses pages, puis Simon & Schuster le publie sous forme de livre en 1939 : 50 000 exemplaires sont vendus.
Les éditions étrangères suivent rapidement, incluant une traduction hollandaise plus tard confisquée par les Nazis, et une version allemande
sortie à Moscou. Le livre est interdit dans l’Allemagne nazie.
Plus tard, un jeune allemand fuyant la domination nazie se réfugie aux États-Unis. Interrogé par les services de renseignement,
il fait part de son voeu de raconter son histoire et la réalité du régime d’Hitler. Le FBI arrange une rencontre avec Kressmann Taylor,
auteur déjà célèbre pour sa dénonciation du nazisme. Cet homme devient le héros de « Jour sans retour », publié en 1942. « Inconnu à cette
adresse » fait l’objet d’une adaptation cinématographique produite en 1944 par Columbia Pictures (réalisateur : M.C.Menzies), et Paul Lukas
tient le rôle de Martin.
En 1995, alors que l’auteur a 92 ans, Story Press réédite « Inconnu à cette adresse » pour fêter le 50e anniversaire de la libération des
camps de concentration. La nouvelle est traduite en 20 langues. Le livre sort en France en 1999 et se vend à 600 000 exemplaires.
C'est un immense succès. La nouvelle est finalement publiée en Allemagne en 2001, et rééditée en Grande-Bretagne en 2002. En Israël, la traduction
en hébreu est un best-seller et est adaptée pour le théâtre.
Kathrine Kressmann Taylor est morte en 1996, au moment où l’on redécouvrait son oeuvre.